Les clefs – extraits de presse

ALAIN ENJARY. Qui a dit que le théâtre n’avait pas de nouveaux auteurs dignes d’intérêt ? Sans doute les directeurs de théâtre trop pressés d’aller au plus vite, ou au plus rentable, c’est-à-dire le vedettariat. Ils devraient aller du côté de la Cartoucherie voir « Les Clefs » d’Alain Enjary. Il vaut, c’est certain, que l’on s’arrête à ce qu’il écrit. C’est une pièce (qu’il joue également) de grande qualité. Les mots sont choisis, le français est pur, et il sait dire des choses graves en faisant rire, ce qui est de plus en plus rare. Sur une idée toute simple, un homme hérite de façon inattendue d’un domaine, Alain Enjary pose les questions essentielles : le pourquoi et le comment de ces événements qui nous mettent face à nous-mêmes. Avec trois fois rien (des éléments stylisent les différents lieux), des comédiens parfaits, Jean-Claude Giraudon, inquiétant et attendrissant, et Mireille Delcroix très drôle dans ses fantasmes à la petite culotte, et une scénographie astucieuse d’Arlette Bonnard, font que ce spectacle mérite le voyage. Viviane Rebeix, FRANCE-SOIR.

LES CLEFS DU MYSTÈRE.
Non, ça ne ressemble à rien ni à personne : c’est de l’Enjary. Une langue toute simple qui vous emporte très loin, aux confins de vous-même, dans un drôle de voyage. Les clefs, ce sont celles d’un château perdu dans la forêt. Elle (Arlette Bonnard) en est la gardienne ; lui (Alain Enjary), l’héritier. Trois ou quatre fois au cours de sa vie, il viendra demander les clefs à la gardienne. Chaque fois avec une femme « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ». Chaque fois, sous un mauvais prétexte, il préfère repartir sans entrer. Mais ce château mystérieux aura été le trésor de sa vie. Une sorte de Graal. Comme il l’est pour Elle. C’est magnifique de profondeur, de sensibilité, de drôlerie parfois. Dans une mise en scène d’autant plus géniale qu’elle est minimale. Claude-Marie Trémois, TELERAMA.

ARLETTE BONNARD ET LE CONTE.
Arlette Bonnard peut se conter légitimement parmi les actrices préférées, à la présence décisive, d’Antoine Vitez.
Grande, belle, avec un sens de la tragédie excessivement simple, donc fort, elle participa aux premières (et peut-être, meilleures, mises en scène de Vitez), dont Electre, où elle fut Clytemnestre.
Avec une logique de « carrière » parfaite, et la plus grande rigueur, Arlette Bonnard a poursuivi, hors institution, une activité d’actrice et d’ « animatrice » exemplaire. Avec son compagnon Alain Enjary, ils présentent, hors mode, Les Clefs, aujourd’hui au Théâtre de la Tempête, et le présentent comme une fable, un conte et une quête. (…)
La mise en scène reste proche de celle du conteur : le conteur est le serviteur d’une mémoire collective. Il suggère la rêverie, des images proches à chacun des spectateurs. De la même manière que le conteur est indissociable des personnes assises autour de lui, le public fait partie de l’espace scénique, entourant l’espace de jeu. Charles Rückh. ACTEURS.

Constituée d’excellents comédiens s’étant forgés au contact des grands auteurs du répertoire, quand ce n’était pas au cinéma, la Compagnie Ambre présente « Les Clefs », une pièce un peu folle d’Alain Enjary, mise en scène par Arlette Bonnard. Quelles sont ces clefs ? Celles du langage, des songes, de l’intérêt de vivre ou, plus prosaïquement, celles d’un bâtiment hérité qui peut lui-même se trouver porteur de symbole ?
Le texte, pendant une heure et demie, se révèle jubilatoire, émaillé de dialogues et de tirades marqués par une logique de l’absurde ressuscitant par instants Boris Vian. Influence, peut-être, mais Enjary possède son propre imaginaire et habille à sa manière des thèmes de réflexion aussi variés qu’universels. L’humour habite avec légèreté les dialogues où parfois même un loufoque se pince pour être sûr qu’il ne cauchemarde pas dans un monde de rêve. Justification fine d’un emploi de mots colorés et vivacité d’échanges qui pourraient se charger d’émotion. (…) Mais la nuit ne sera pas éternelle et apportera aux divers protagonistes de quoi alimenter de surprenantes et séduisantes conversations échevelées ! LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE. BLOIS.

(…) Après « Or », qu’il avait écrit la saison dernière, Alain Enjary nous tend les clefs d’une autre histoire. A chacun d’ouvrir ses propres portes. (…) Car le propre de ce théâtre est de renvoyer, sans les éluder, interrogations et énigmes. Une démarche qui s’accompagne d’une disposition particulière des spectateurs dans la salle et qui bouleverse quelque peu les cadres traditionnels. (…) Les questions, à la fois essentielles et terriblement simples, dérivent vers des mondes parallèles, une dimension fantastique qui est aussi une dimension poétique. Sur ce terrain s’opère la rencontre entre le public et les comédiens, dans une langue qui mêle « l’extrême familiarité » à « la grammaire la plus impeccable », l’humour, la légèreté à la gravité. N.F. LES NOUVELLES. BESANÇON


Or – présentation

OR, d’Alain Enjary. Mise en scène et scénographie Arlette Bonnard. Lumières Denis Llorca et Eric Fassa. Production C.D.N. de Franche-Comté et AMBRE. Créé le 15 Mai 1990. Nouveau Théâtre de Besançon. Avec Karl Auer, Arlette Bonnard, Mireille Delcroix, Valérie Durin, Alain Enjary, Armand Enjary, Eric Fassa, Martine Froment, Gilles Geisweiller, Didier Kersten, Joël Lavrut, Jean-Philippe Lo Crasto, Denis Llorca, Odja-Rebecca Llorca, Patrick Poyard, Geneviève Rhuis-Llorca, Pierre Simon, Marie-Aude Weiss, Florence, Mathieu, Ninon, Raphaële.

« Or » a été interprété par tous les acteurs, sans exception, enfants compris, ayant participé à la dernière saison du Centre Dramatique National de Besançon, sous la direction de Denis Llorca :

Or – photos

Photos Joël Lavrut et F. Stockman

Or – extraits de presse

« OR » : encore ! D’emblée, on se casse le nez sur un mur géant dressé sur la scène. Une muraille plus vraie que nature, à moitié décrépie, mais pourtant l’air solide comme un roc. Et voilà qu’à son pied, se mettent à défiler des personnages tour à tour pittoresques et paumés, fragiles et burlesques. Ils se parlent mais ne s’entendent pas toujours. Dialogue de sourds mais… le mur a des oreilles.
Il n’en faut pas plus pour construire un échafaudage de destins entrecroisés, pour bâtir un scénario. L’intrigue est certes réduite à sa plus simple expression, mais Alain Enjary n’en a pas moins créé un texte incisif et pertinent. À la fois drôle et décapant. Son exercice de style ne perd jamais d’intensité. Un travail d’orfèvre.
Cela s’appelle « Or », précisément. Le mot magique, comme le symbole qu’il désigne, sert de fil conducteur, surgit au détour d’une phrase, se laisse oublier pour mieux réapparaître soudain, comme un clin d’œil complice. On s’amuse beaucoup en regardant « Or », et la mise en scène d’Arlette Bonnard. En voyant déambuler ces personnages, de la bonne sœur qui plane au vieil herboriste distrait en passant par un gardien de square à l’âme de poète. En assistant à leurs élucubrations devant ce mur des lamentations.
Quatre enfants font partie de la distribution… et de la (grande) famille des comédiens. Eux seuls sont capables de jouer les passe murailles… Joël Mamet. L’EST RÉPUBLICAIN.

Le misanthrope – présentation

LE MISANTHROPE, de Molière. Mise en scène Alain Enjary. Scénographie Alain Enjary et Arlette Bonnard. Lumières Eric Fassa. Prod. C.D.N. de Franche-Comté. Créé le 20 Mars 1990. Nouveau Théâtre de Besançon. Avec Arlette Bonnard, Mireille Delcroix, Damien Dole, Valérie Durin, Alain Enjary, Armand Enjary, Gilles Geisweiller, Didier Kersten, Denis Llorca, Jean-Philippe Lo Crasto, Philippe Vialèles.

« Je veux qu’on soit sincère… Je veux que l’on soit homme. » Quel plus beau programme que celui d’Alceste ? Qui plus est il l’applique. Or Alceste est risible. On rit de lui de moins bon cœur, sans doute, que d’Harpagon, d’Argan, d’Orgon, Monsieur Jourdain, Cathos ou Philaminte… N’empêche que Molière n ‘a pas dû le jouer tragique, ni évidemment « romantique », et qu’il a fait partie aussi, pour lui, de tous ces entichés de cassette ou d’apothicaire, de nobles ou de bigots, de mode ou de culture. « Il suivait son idée. C’était  une idée fixe et il était surpris de ne pas avancer », comme disait Jacques Prévert. Seulement jamais Molière, lui, n’a encore été, et n’ira plus si loin. L’homme, c’est-à-dire nous, dont il doit faire rire, car tel est son métier, son « étrange entreprise », cette fois il le débarrasse de l’objet « grossier » d’un désir, d’une passion dont on peut se dire : ce n’est pas la mienne, celui dont je me moque est un autre. Et si nous n’avons jamais bien su s’il fallait rire du Misanthrope, c’est peut-être que le désir obsessionnel, maladif, d’atteindre, posséder, ou être quelque chose ou quelqu’un, Molière lui donne ici la forme de « l’Idéal ». Pire : non pas de l’idéal qu’on partage avec d’autres, et qu’on peut toujours accuser d’aliéner et fanatiser, mais de celui qui croît au profond de soi-même, qui naît ou qu’on se forge on ne sait comment, et souvent nous fait voir les autres comme autant d’empêcheurs de vivre l’âge d’or ! Quoi, cette intime et pure aspiration pourrait être elle aussi, disons le mot moderne, une névrose comme une autre ? Dans ce cas elle deviendrait l’alibi le plus parfait, terriblement définitif, à l’abri duquel, en toute bonne conscience, voire totale innocence, on pourrait continuer jusqu’à la fin des temps d’être brutal, égocentrique, avide ? Comment rire des « Appétits » qui nous possèdent et nous dévorent, alors même qu’ils s’appliqueraient à la maîtrise, la liberté, la sagesse ? Mais le poète comique, ici, bien loin de tout cynisme et de tout désespoir, n’est-il pas au contraire au plus près de la foi, à sa façon ne se risque-t-il pas au bord de l’indicible ? Car la sagesse la plus sage n’est-elle pas celle qui rit de la sagesse elle-même ? Comme le « sage » Salomon à qui l’on attribue le vent qui souffle dans l’Ecclésiaste : « J’ai prétendu être sage ; mais c’est hors de ma portée. Hors de ma portée ce qui est ; profond, profond, qui le trouvera ?… Et je me dis : tel est le sort du fou, tel sera le mien ; alors à quoi bon ma sagesse ? Et je me dis que cela aussi est vanité. »
Rions, sourions au moins du Misanthrope, et de ce qu’en nous-mêmes nous croyons le plus vrai, sincère et profond, remettons Alceste à sa place, et nous par la même occasion, sans aigreur non plus que scrupule, même si l’homme aux rubans verts a souvent raison face aux autres, car la Raison face au mystère est peut-être le plus banal déguisement de la Folie.
Et si on ne rit pas tant que ça, ce n’est quand même pas grave. Car l’humour dans « Le Misanthrope », comme l’air en haute montagne, se raréfie sans doute, mais pour devenir plus léger, plus vivifiant, plus pur.

Alain Enjary

Le misanthrope – photos

Photos Joël Lavrut


Le misanthrope – extraits de presse

Le Misanthrope : partie d’échecs
Pas facile de monter et de montrer « Le Misanthrope », une pièce où il ne se passe rien, une intrigue dont les nœuds se tissent ailleurs et qui ne donnent lieu qu’à récits. Tout est dans la tête. Entre Alceste et Célimène, c’est purement intellectuel, quoi !
Habile metteur en scène, Alain Enjary parvient à nous montrer quelque chose : une partie d’échecs entre le Misanthrope et la coquette. Sport cérébral s’il en est, mais une partie grandeur nature où les personnages évoluent, qui selon la diagonale du fou, qui selon le pas chassé du cavalier, qui droit devant avec la solidité de la tour, qui pas à pas dans les infinies possibilités de déplacement de la reine…
Les adversaires (l’être et le paraître) sont de force égale et redoutable.
Entre Alceste-Denis Llorca, drôle et inquiétant d’intransigeance, et Célimène-Mireille Delcroix, noble et fière amoureuse de la vie, une troupe fait mille grâces, mais sobrement , et le spectateur garde sa liberté de choix.
Intellectuel jusqu’au bout, ce jeu ! Jean-Pierre Govignaux, L’EST REPUBLICAIN.


Oncle Vania – présentation

maquette

ONCLE VANIA, de Tchékhov. Mise en scène et scénographie Arlette Bonnard. Musique Gilles Geisweiller. Lumières Eric Fassa. Production C.D.N. de Franche-Comté. Créé le 23 Janvier 1990. Nouveau Théâtre de Besançon. Avec Arlette Bonnard, Mireille Delcroix, Valérie Durin, Alain Enjary, GillesGeisweiller, Denis Llorca, André Mairal, Geneviève Rhuis-Llorca, Patrick Poyard, Philippe Vialèles.



Oncle Vania – photos

Photos Joël Lavrut et Martine Froment

Oncle Vania – extraits de presse

L’intimité d’oncle Vania
Magique ! Une table, deux chaises, trois répliques et nous voilà dans l’intimité de ce cher Oncle Vania. C’est le théâtre, direz-vous. Pas toujours. Il est des textes plus littéraires, poétiques, des mises en scène qui créent la distance davantage que la complicité.
Ici, tout baigne dans le vrai, le quotidien, l’humain. Il y a du théâtre qui joue à dire. Ici, on joue à être. Il faut avoir vu l’un pour apprécier l’autre et réciproquement.
Un jeu de panneaux mobiles dessinant l’espace nous fait entrer dans le labyrinthe des sentiments. La mise en scène d’Arlette Bonnard et le jeu de la troupe nous font nous y complaire.
Sonia aime le docteur, qui aime Elena. Vania aime Elena. D’ailleurs être un homme et aimer Elena tient du pléonasme.
Vania est trop bon avec tout le monde alors que personne ne l’est avec lui. Il craque… C’est une histoire de famille comme il y en a dans toutes les familles.
Comment ne pas participer ? La tentation est grande, même, d’exprimer ses sentiments et partis pris à haute voix, comme certains spectateurs ou trices, le soir de la première.
Arlette Bonnard, Mireille Delcroix, Valérie Durin, Alain Enjary, Gilles Geissweiller, Denis Llorca, André Mairal, Geneviève Rhuis-Llorca, Patrick Poyard, Philippe Vialèles, imbibés jusqu’à la moelle des personnages de Tchekhov, sont des intimes et nous sommes de la famille.
Magique ! Jean-Pierre Govignaux, L’EST REPUBLICAIN.