Il est assez rare au théâtre de travailler en même temps en direction du public adulte et du public des enfants, et surtout dans une même perspective et presque sur le même projet. C’est pourtant, au Théâtre de Sartrouville, ce que fait Arlette Bonnard qui monte à la fois pour les petits « Huit heures à la fontaine » et, pour les autres, « Les marches ténébreuses ». Pour elle comme pour Alain Enjary, auteur des textes, le théâtre dérive naturellement du conte, il est la dernière manifestation d’une culture orale, première, chaleureuse, magique et Grimm est un grand maître.
« Huit heures à la fontaine » est un conte à deux personnages dans le creux de vastes voiles couleur d’eau et de mousse légère, entre un voyageur égaré et une ondine, une histoire d’eau et de corps prisonniers, de pierre blanche et de pierre noire, et ces deux se découvrent, s’affrontent, se séparent, s’échangent. C’est un poème un peu métaphysique qui occupe la scène, égrène des mots rares entre la musique et l’eau. C’est peut-être Persée délivrant Andromède, mais non, toutes mythologies sont ici oubliées, n’en demeure que la mélodie et, chose étrange, les enfants sont, littéralement, sous le charme. Bernard Raffalli. LE MONDE.
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