La sente étroite du bout du monde – extraits de presse

LE VOYAGE SANS RETOUR. L’intense et mystérieuse poésie de l’indicible et de l’ineffable : tels sont les seuls mots qui, tout d’abord, nous viennent aux lèvres, devant une vibration – celle du haïkaï japonais – si intime et si profonde qu’on ne sait en vérité par où la saisir, de peur d’en déchirer ensuite la trame et, par là même, l’état de grâce… Et comment restituer, sur la feuille blanche, l’émerveillement de source qui nous envahit, à l’heure où ces quatre comédiens esquissent, dessinent pour nous seuls en touches légères (mais combien incisives) ces éternels paysages de précision et de rêve, qui tout à la fois nous dépaysent et nous sont familiers, comme si nous les avions aimés avant, bien avant le jour de notre naissance, dans quelque mystérieuse patrie intérieure qu’aujourd’hui, à leur suite, nous redécouvrons et reconnaissons ?
Nous voici donc peut-être aux origines du monde : surprenant la transparence irisée d’une aile de libellule qui tient ferme, sur le bâton qui la pourchasse, ou la feuille de salade que l’escargot savoure… Quelle tristesse et quel bonheur nous accorde tour à tour cette double perception, éternellement associée, de la précarité et de l’infini de toute chose ! L’insolite sous le fugitif.
L’invisible beauté de ce qui nous entoure, et que nos yeux ne savent plus voir… Ainsi, les comédiens ici présents parviennent-ils à réveiller enfin le cœur d’un monde dont nous n’écoutons plus les battements ; comme une main se glisse au plus secret des cendres pour en surprendre la braise, pour en réinventer la brûlure.
Jeu ? Rituel ? Prière ? Où donc situer la silencieuse promenade du Haïkaï, baignée tout entière, dirait-on, par la lumière transfigurée de l’enfance ? (…)
Fascinant périple, que celui-ci. Au pays de l’Autre Lumière. Patrick de Rosbo, LE QUOTIDIEN DE PARIS.

Est-il envisageable de construire un spectacle à partir d’une sélection de brévissimes poèmes? Trois vers chacun, parfois deux, parlant de tout et de rien, essentiellement de faits anecdotiques, quotidiens, banals. Et toujours de la nature. (…) Ce sont des haïku classiques japonais. Signés des plus grands : Bashô, Buson, Issa, Shiki. Le haïkaï est l’enchaînement qui consiste à dialoguer à coup de versets. Quatre comédiens jouent donc les casse-cous…
Ils évoluent sur des pontons, n’en descendent qu’une ou deux fois, en se déchaussant, comme pour traverser une rivière. Japonais ? Très vaguement. À juste titre. Tout reste allusion, légèreté, silence, perfection. (…) Leurs vêtements sont ceux de tous les jours, familiers et longuement portés, variant selon la saison évoqués. Avec quelques objets en sus : parapluie, panier, fruit… Des silences, du rythme, une écoute parfaite.  Jean-Jacques Samarie, LIBERATION.

(…) Émotions simples, mais frémissantes, que les acteurs viennent nous livrer tour à tour, ou encore tous ensemble. Le jeu reste sobre, évitant à la fois la platitude et l’émotion factice, même si sur scène tous n’ont pas la simplicité « habitée » d’Arlette Bonnard. La mise en scène respecte la discontinuité des haïkaï, en leur permettant de trouver chacun leur résonance propre. Tandis que les quelques objets manipulés (melon, parapluie, panier…) et les quelques histoires qui se nouent et se dénouent au fil des passages sur les pontons, donnent le liant léger qui convient à ce genre de spectacle. Et si cela reste en partie énigmatique, c’est que le spectateur doit faire par lui-même une partie du chemin. Sans une part d’intuition personnelle, de foi même, le haïku reste une formule, ésotérique ou banale. Michel Barlier, GAI PIED.

UNE POÉSIE DU BOUT DU MONDE. Une création originale et pour le moins singulière. Danielle Van Bercheycke et Arlette Bonnard, Yves Collet et Alain Enjary ont lancé un défi : représenter au théâtre des haïkaï, c’est-à-dire de courts poèmes japonais. Cette forme poétique révèle le mystère de la nature et de l’être. Quelques mots apparemment on ne peut plus simples, proches du petit, ouvrent des portes à l’infiniment grand.
Ce spectacle à la limite de la parole, composé de silence et d’énergie, est construit dans une rythmique intuitive. Le « haïkaï », à la différence de notre pensée occidentale, exprime l’harmonie et l’unicité du matériel et du spirituel. Chacun y puise ce qu’il désire tant la réalisation est riche de possibilités. (…) Jean-Luc Toula-Breysse. L’ÉTUDIANT.

« La sente étroite du bout du monde » est un spectacle qui n’est pas du tout habituel pour nos esprits occidentaux. (…) Dans un décor très sobre et très lumineux, le haïkaï rend une sorte d’hommage à la nature, et semble prouver que la moindre chose, la plus quotidienne, est finalement une forme possible de poésie. (…) Au delà du théâtre, c’est emprunter également une voie spirituelle, et je trouve que ce spectacle apporte un grand équilibre, même s’il est difficile – non, il n’est pas difficile, mais pour un occidental, cela peut paraître un peu aberrant d’aller voir un spectacle qui va parler d’une grenouille ou de telle herbe, etc., et finalement cela donne au spectateur une quiétude qu’on retrouve rarement. (…) Les comédiens eux-mêmes ont l’air équilibrés, heureux et d’avoir une force tranquille. C’est tout à fait réussi pour donner un vide total à l’esprit. Ce spectacle m’a apporté de la paix. (…) Isabelle Sommier. RADIO ALIGRE.

La deuxième salle du théâtre des Provinces était comble pour la première représentation, qui était aussi une création, du très beau spectacle de l’Atelier 8. Et curieusement cette salle n’avait jamais paru si vaste et si claire : dans une lumière très vive, les acteurs nous proposaient des « haïkaï », ces poèmes japonais qui se caractérisent par leur brièveté et l’apparente minceur de leur sujet : le melon, l’escargot, la pluie d’été, le moustique, la première neige d’hiver… La juxtaposition parfois malicieuse et toujours sereine de ces éclats de textes, la solitude fugitive ou le rassemblement tout aussi fugace des quatre acteurs suscitaient, en chacun, une image neuve du monde, au delà de l’éternel clivage orient-occident.
Si le haïkaï est bien la forme poétique japonaise la plus éblouissante, la pratique du montage, toute contemporaine, est, elle aussi, pourvoyeuse d’énergie et de sens.
Le décor est très soigné : de longues et étroites estrades parallèles au public, très massives, contrastent avec la verticalité des dizaines de mètres de coton blanc fixés au plafond : « La sente étroite du bout du monde » suppose de la vigueur et de la légèreté. Les acteurs ne manquent ni de l’une, ni de l’autre. Camille Mauzon. LA NOUVELLE REPUBLIQUE.





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