7(sept) – extraits de presse

ENTRE MAETERLINCK ET BECKETT.
Un espace éclairé d’une lumière pauvre entre trois volets de gradins. Un sol plat ponctué de rochers ronds pareils à des œufs d’autruche. Un homme apparaît et récite un texte court, plutôt poétique, où il est question d’arbres et de silence. Un autre survient, puis un autre encore récitant les mêmes phrases. Un mot de passe ? Un quatrième surgit, affairé, lui aussi vêtu comme tout le monde. Voici le cinquième : lui ne dit pas les paroles, il se contente de siffler un air. Est-il des nôtres ? Voilà le sixième. Lui dit bien le message, mais sur l’air chanté par le précédent. Le dernier porte une petite radio qui devrait donner les instructions.
Mais point. Ils attendent puis se mettent en route, en ordre un peu dispersé. Rencontre de femmes, les Contrôleuses, plaisantes, un peu inquiétantes qui les interrogent. Eux-mêmes se gardent de poser les bonnes questions. Ils arrivent au bord d’un fleuve. Apparaît une barque menée par un très vieux nautonier. Il leur faut acquitter le prix du passage, ils n’ont pas d’argent. Mais la décoration de l’un d’eux fera l’affaire : on lui rend même le ruban. La barque lourdement chargée va chercher dans une île une jeune fille. Survient une autre. Les femmes bavardent allègrement, rappelées à l’ordre par le vieux passeur. Où débarqueront-ils ?
Conjonction d’une écriture superbe, celle d’Alain Enjary, et d’une mise en scène d’une lumineuse simplicité (Arlette Bonnard), le spectacle produit l’émotion d’un conte et d’un mythe. L’équipe est celle de Pierre Constant à La Courneuve. On aimerait revoir ce merveilleux moment. Anne Ubersfeld, L’HUMANITÉ.

Petits et énormes cailloux, fragments de notre planète, météores ou astéroïdes, halo de lumières bleutées, pures et sidérales, lourdes volutes de fumées nimbant les êtres et les choses d’un drôle d’air de mystère : le décor est minimaliste, intemporel, « 7″ (Sept) peut se passer n’importe où, n’importe quand, quoique les costumes des comédiens, sobres, presque « neutres », semblent tout de même indiquer un temps présent. À pas de loups, comme égarés et cherchant un chemin, une moindre indication pouvant identifier le lieu où ils se trouvent, deux personnages en quête font irruption sur l’étrange scène. (…) Rapidement, imperceptiblement, le duo s’étoffe, devient un sextuor, uni par une même quête, tour à tour angoissante, drolatique, absurde, dérisoirement humaine, celle de la vie, du sens à lui donner. À partir de là, Alain Enjary s’attache à se frayer un itinéraire à la fois balisé et flou, douloureux et jouissif, où affleurent à la crête des mots les éternelles interrogations existentielles. Alain Enjary, comédien qui fit ses classes chez Luccioni et Valverde, entre autres, avant de fonder et diriger avec Arlette Bonnard la Compagnie Ambre, poursuit là son rigoureux travail d’exploration d’une obsession thématique qui irrigue son œuvre. Ses thèmes aimés se nomment tradition, mythe, légende, quête du bonheur et de l’absolu. Sa langue simple et moderne prend littéralement l’univers théâtral à bras le corps. Tel un marguillier (sonneur de cloches) du Moyen Age, il n’a de préoccupation que de faire sonner juste et harmonieusement ses phrases, ses répliques. Et prenez garde à l’apparente douceur du propos ! Si l’auteur ne se départit que rarement d’un humour raffiné, ses vérités risquent d’en égarer plus d’un. Ici, chaque scène débouche sans prévenir sur le sens, les faux-sens, le non-sens.
Entre rêve et réalité, la charge symbolique et totalement imprégnée de magie du chiffre sept, la poésie qui émane du texte, autorisent toutes les audaces. À vrai dire, « 7″ (Sept) ne ressemble à rien de déjà vu. Dominique Roger, RÉVOLUTION.

(…) Tout cela peut donner l’impression que nous sommes dans un abominable esprit de sérieux, mais en réalité le spectacle est d’une formidable drôlerie, j’ai beaucoup ri, c’est un incessant jeu sur les mots, les idées, les significations qu’il peut y avoir, pas seulement derrière les mots, mais aussi les attitudes humaines. (…) Au milieu de cette vastitude, huit cents mètres carrés à peu près, on est à côté des acteurs, quelquefois on se sent au milieu d’eux. Ils semblent s’amuser beaucoup de la dextérité du texte. (…) Un lieu très indéfini, très vague, qui pourrait être une forêt, ou l’orée d’une forêt, ou une forêt en pleine ville, ou à la périphérie, là, petit à petit, parce que le spectacle ménage bien ses rythmes et ses surprises, des hommes vont finir par se rencontrer, deux, trois puis quatre, puis cinq et six, et sept d’où le titre du spectacle, un septième toujours attendu. Ces gens-là échangent, sur des registres dont on saisit tout de suite la singularité, des propos très drôles. (…) Ensuite le spectacle évolue et va emprunter d’autres références, d’autres significations, d’autres allusions. Ces gens ont l’air amusé mais il y a un côté pathétique, ils ne savent pas où ils doivent aller, c’est une aventure pour eux, ils veulent se séparer mais sont déchirés à l’idée de se quitter. (…)
De la tonalité de ce rêve, ce conte, on aurait tendance à retenir une certaine gravité et pourtant il y a une formidable joyeuseté, une gaîté, elle-même étrange d’ailleurs… Patrick Germain, T.S.F. 93.

À force d’errer dans la forêt, six hommes se rencontrent. Grâce à quelques bribes d’un mot de passe, qui leur restent vaguement en mémoire, ils finissent par se reconnaître. Où est le septième ? Que font-ils ? Où vont-ils ? Alain Enjary aime les jeux de piste mystérieux ; Arlette Bonnard, les mises en scène subtiles et fluides ; et nous les spectacles insolites. Ils sont rares : suivez la piste jusqu’à La Courneuve, vous ne le regretterez pas. Claude-Marie Trémois, TELERAMA.

0 réponse à “7(sept) – extraits de presse”


  • Aucun commentaire

Laisser un commentaire