Seuil – présentation

CRÉATION au THÉÂTRE L’ÉCHANGEUR, du 2 au 13 mars 2015.

SEUIL d’Alain Enjary. Mise en scène et scénographie Arlette Bonnard. Musique Christian Maire. Lumière et régie générale Éric Fassa. Construction Eric Fassa et Michel Tardif, peinture Anne Buffat. Bande son réalisée au Studio du Val d’Orge, ingénieur du son Jean Taxis. Collaboration artistique Danièle Gironès et Eric Fassa. Avec A. Enjary et A. Bonnard, et les voix de Elsa Bosc et Jean-François Maenner. Production AMBRE, avec le soutien de la DRAC  d’Ile-de-France, et l’aide d’Arcadi Ile-de-France / Dispositif d’accompagnements. Coréalisation Théâtre l’Échangeur-Compagnie Public Chéri.

« … Un coup de pied au cul, quand il est bien donné, peut faire rire le monde entier ! Et comme c’est vrai ! Il y a toute une gamme, toute une science, tout un style des coups de pieds au cul. Mais hélas, les traditions se perdent et le public demande sans cesse du nouveau… du nouveau, de la nouveauté à quoi ça ressemble ! C’est vieux comme le monde ça, la nouveauté ! » Jacques Prévert. Les Enfants du Paradis

Il était plusieurs fois… Une femme et un homme. Un retour imprévu. Les tout premiers instants d’un recommencement dont on ne sait presque rien de ce qui a précédé, ni de ce qui va suivre, mais recommencement qui recommence, étrangement, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Éternel retour sur ce seuil, sur le fil de ce bref et unique présent, où elle et lui restent tels quels, indemnes, où le temps revient à zéro, où il est question pourtant de métamorphoses (évolution, vieillissement ?), où pourtant une histoire (d’amour, de revenants ?) se raconte, un suspense  s’installe. Peut-être en spirale — telle que Jankélévitch en parle à propos de la ronde : « mouvements sur place qui enferment la mobilité dans l’immobilité. C’est un jeu… Peut-être parce que l’immobilité de la giration dessine secrètement une spirale. La temporalité rend toute relative l’opposition du mouvement rectiligne et du mouvement giratoire : la spirale est un progrès qui lambine… »

De la succession entêtée, entêtante, un peu magique ou enfantine, d’une même chose différente — et initiale — naît une drôle d’émotion, de surprise, d’expérience du temps, initiatrice — et amusante. Peut-être parce que le théâtre — chaque fois immédiat, nouveau, éphémère en même temps que répétition supplémentaire chaque fois — par une sorte d’aveu complet, naïf, joyeux de ce paradoxe, tente de faire ici pour un moment, d’un monde qui n’en finit pas de finir, un monde qui commence en permanence de commencer.  A. Enjary


N.B. Commencement, fin, recommencement ; répétition, évolution ; révolution, reproduction ; ressassement, invention ; découverte, habitude ; décrépitude, enfance ; résistance, décadence ; retard, avance, exactitude ; permanence éternelle, perpétuel écoulement ; Héraclite, Parménide… Réconciliés ? En tout cas toujours à la pointe de l’actualité…

« Tout changement est changement de quelque chose. Il doit exister une chose qui change ; et cette chose doit demeurer, pendant le changement, identique à elle-même. Mais, si elle reste identique à elle-même, comment peut-elle changer ? Cela semble réduire à l’absurde l’idée qu’une chose particulière puisse changer. Une feuille verte change en devenant brune ; mais pas si nous la remplaçons par une feuille brune ; il est essentiel pour le changement que la feuille changeante demeure la même feuille pendant qu’elle change. Mais il est aussi essentiel qu’elle devienne quelque chose d’autre. » Karl Popper (cité par A. Boyer, Sciences et Avenir, « L’univers est-il sans histoire ? »


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