Esprits – extraits de presse

Esprits : la confirmation d’un auteur français.
La nouvelle pièce d’Alain Enjary, Esprits, fait des entrechats sur le sol de nos réalités.(…) Esprits, mis en scène par Arlette Bonnard, met en scène des âmes qui osent à peine entrer dans le monde réel et finissent par aller y voir en se posant des questions philosophiques qui déclenchent le rire. C’est à l’image de l’âme, profond et léger comme l’air. Gilles Costaz, POLITIS.

Dans la nuit du théâtre, des voix s’élèvent. Persistantes, inquiétantes. Des voix d’hommes et de femmes qui s’interpellent étrangement : est-il raisonnable de s’immiscer dans ce tunnel, ce trou noir ?
Surpris et dérouté, le spectateur s’interroge à son tour jusqu’à ce que la lumière envahisse progressivement l’espace scénique. Ils sont cinq, deux hommes et trois femmes, à avoir réalisé avec succès leur énigmatique traversée. À défaut de leur corps, leur esprit au moins est là. D’où s’en reviennent-ils ? Du royaume des morts, d’une autre planète, d’un autre monde…
Alain Enjary, l’auteur de ces surprenants « Esprits », est un familier de l’incongru et de l’étrangeté. Les saisons précédentes, par deux fois déjà au théâtre Paris-Villette, il avait conquis le public avec ses « Animaux » et « Animaux suivis d’autres animaux » qui distillaient sous couvert de bêtes à poils ou plumages les menus travers ou qualités de la gent humaine. Désormais libéré des contraintes corporelles il nous emmène dans le monde du supposé « pur esprit » sans pour autant verser dans l’évanescence. Du rêve à la réalité, du souvenir au cauchemar, des occasions manquées à la promesse d’autres possibles, à tour de rôle ou dans une cacophonie superbement orchestrée par la metteur en scène Arlette Bonnard, les personnages partagent, entre eux, quelques parcelles de vie et de vérité. Sur le plateau, recouvert d’un gazon naturel, herbe tendre où se repose la tendresse du monde, lit de mort ou couche d’amour, au gré des dialogues et d’un souvenir à l’autre ils deviennent passeurs de mémoire. De leur propre existence ou de celle de leur partenaire. Tels les griots du temps d’antan, celui d’avant, celui des mages et des fées, des sorciers et sorcières… Une tentative d’exploration poétique mais non point désincarnée de ces continents intimes où l’absence de l’autre se fait présence à l’évocation d’une image, d’un parfum, d’une musique : et si nos rêves devenaient enfin réalité ? « Et si à l’intérieur de nous on reconnaissait un instant quelqu’un d’autre d’étranger », s’interroge Alain Enjary, «  ne serait-ce pas déjà une façon de saluer l’autre étranger, celui qui est au dehors » ? Un spectacle original où l’enchantement de l’interprétation le dispute à la finesse de l’écriture. Yonnel Liegeois, LA NOUVELLE VIE OUVRIERE.

Esprits. C’est le titre du dernier spectacle écrit et mis en scène par le tandem Enjary-Bonnard. Les deux fondateurs de la compagnie Ambre retrouvent un espace qu’ils connaissent bien : la grande salle du Théâtre Paris-Villette. Cette pièce pour cinq acteurs, dans laquelle ils jouent, s’inscrit dans l’esprit de leurs précédents spectacles (Animaux, suivis d’autres animaux). Les deux complices imaginent déjà une suite à Esprits, spectacle bâti sur le principe du « recueil de contes » à longueur modulable. Elle s’intitulera, cela va de soi, Autres Esprits. LE MONDE , « Sortir ».

Quintette à vent.

De saison en saison, Alain Enjary et Arlette Bonnard continuent à avancer ensemble. L’un écrit, l’autre met en scène et tous deux jouent leur œuvre commune. Accompagnés cette fois-ci de trois jeunes gens, ils déchiffrent la partition d’un concert spirituel sur la scène engazonnée du Théâtre Paris-Villette. Sous les voûtes et entre les arcades de cette salle austère, résonnent les voix des esprits venus hanter le monde à la recherche des joies et des peines de l’incarnation. Un spectacle à la légèreté champenoise.

Le corps est le tombeau de l’esprit. Pris dans la gangue de la chair, obligé de composer avec des articulations qui grippent ou se déboîtent, des membres malhabiles, des muscles qui se froissent, l’esprit doit utiliser au mieux un instrument qui n’est pas toujours à la hauteur de ses aspirations. Un peu trop grand, parfois trop lourd, le corps est pourtant le seul moyen pour l’âme de goûter aux plaisirs sensuels. À demeurer dans le confort pneumatique, l’esprit ne souffrirait pas mais ne jouirait jamais non plus des hasards bienheureux de la sensibilité.

Alain Enjary convoque aux rives de limbes improbables cinq esprits désireux de visiter le monde. Dans une antichambre aux échos platoniciens, chaque âme se choisit une enveloppe avant de commencer le voyage vers la vie. Plusieurs tableaux construits en chiasme autour de leur évanouissement vers la naissance décrivent cette épopée en quintette.

Dans le noir complet, on entend d’abord les esprits chercher le chemin de la terre. Une fois installés dans leurs coquilles physiques, ils sautent le pas du monde et naissent. Au terme de leur vie terrestre, ils sont de retour et font le bilan de leurs émois avant d’achever leur destinée circulaire et de reprendre le chemin de l’évanescence vers les sphères éthérées de la désincarnation. Ils quittent alors leurs véhicules d’emprunt et se restaurent dans leur pureté spirituelle. Cette dernière étape est la plus difficile, dans la mesure où la mémoire des choses du monde leur fait regretter la vie d’ici-bas. Le texte, poétique et fantaisiste, passe en revue les images et les difficultés de l’incarnation. Une métaphysique légère et ironique interroge les rapports du virtuel et du réel et le statut de la présence, entre âme et corps. Alain Enjary n’est jamais pompeux ni démonstratif et son texte prend le parti de jouer avec les mots même aux instants les plus graves.

Les cinq acteurs disent tour à tour les angoisses et les joies devant ce cycle étrange et fascinant que l’on appelle une vie. Ils avancent doucement sur la scène entièrement recouverte de gazon, sur laquelle flotte une brume humide. Tous servent le texte avec application pour faire ressortir les trouvailles et les saillies spirituelles qu’il contient. On peut regretter néanmoins qu’ils n’aient pas le désir de l’habiter avec davantage de fougue ou de passion. Même au moment de l’évocation de l’aventure d’incarnation, les comédiens demeurent en retrait, presque immobiles, presque insensibles. On a parfois l’impression que les acteurs sont comme étonnés d’être sur scène, contraints à un jeu dont le sens n’a pas été assez clairement explicité.

La volonté de distance désincarnée de la mise en scène plonge alors le spectateur dans un sentiment de trouble et dans une impression d’attente non comblée. La pièce est joliment légère, elle nous repose des lourdeurs et des horreurs du monde. Elle pétille comme le champagne bu en douce compagnie. Mais à force d’évanescence, elle en vient à nous faire presque regretter la densité de douleur et de joie qui est le lot de nos vies. Il est sans doute difficile d’être un homme, c’est-à-dire un esprit mis au tombeau de la chair, mais cette difficulté est aussi le prix à payer du sens et de la jouissance. Pas très drôle d’être vivant : nous le savions. Mais pas très marrant d’être esprit ; nous l’apprenons. Catherine Robert. THÉÂTREonline

Alain Enjary et Arlette Bonnard font parler les esprits.

Et si les esprits préexistaient aux corps ? Comment alors passeraient-ils de l’inexistence à l’existence ? Comment ces êtres abstraits parviendraient-ils à s’incarner ? Garderaient-ils la mémoire des corps habités le temps d’une vie ? Alain Enjary, fabuliste fantaisiste qui sait faire parler les animaux, s’amuse ici à donner la parole aux esprits. Il s’aventure dans les ténèbres de l’envers du monde, dans le no man’s land des âmes errantes. Voilà bientôt que ces présences invisibles, ces voix sans chair nous parlent depuis l’autre côté. On les entend hésiter sur le choix de leur enveloppe charnelle comme on tergiverse sur la couleur d’un costume, on les voit surgir de la pénombre de l’au-delà, s’avancer prudemment sur le gazon terrestre qui couvre le plateau, se familiariser avec leur nouvel organisme. Ils sont dans le sas de l’existence et se préparent à franchir le seuil.

Esprit, es-tu là ? C’est là tout le charme ludique du théâtre d’Alain Enjary qui nous avait déjà séduit dans Animaux et Autres animaux présentés l’an passé : inventer des êtres chimériques et en même temps familiers, les écouter s’introspecter, commenter leurs impressions, exprimer leurs interrogations avec candeur. Et mine de rien, sur le ton léger du badinage poétique, réfléchir sur notre rapport au temps, à la mémoire, au monde. Mais malgré toute la malicieuse fraîcheur de ce fabliau et les qualités de la mise en scène, on reste un peu sur sa faim. Gwénola David. LA TERRASSE

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