Le recueil des petites heures – annexe (présentation de la première partie)

LE RECUEIL DES PETITES HEURES (I: LE CARILLON et LES FENETRES), d’Alain Enjary. Mise en scène et scénographie Arlette Bonnard. Lumières Eric Fassa. Réalisation du décor Eric Fassa et Anne Buffat. Prod. AMBRE. Créé le 3 Novembre 1994. Théâtre « Le Vanves », Vanves. Avec Arlette Bonnard, Alain Enjary, Jean-Philippe  Lo Crasto, Jean-François Maenner.

« Le Recueil des petites heures », dont sont extraits « Le carillon » et « Les fenêtres » (et dont nous espérons bientôt mettre en lumière d’autres pièces, telles que, par exemple, « Le poste », « Revenant » ou « La convocation », ou « Bruine »), date de la fin du xx ème siècle. Certaines de ses composantes sont peut-être antérieures — postérieures non, à notre avis, aucune, et nous sommes prêts là-dessus à affronter certains spécialistes ainsi que nous l’avons déjà fait (à propos de deux autres compilations ou du pseudo-dernier livre d’A. Nasier, pour lequel, inversement, nous avons établi qu’il était à l’évidence plus tardif que le reste du corpus). Car ce qu’on pourra déceler comme postérieur dans le recueil n’est, selon nous, que le reflet d’une tendance littéraire répandue au XX ème et consistant à projeter dans le futur les structures de base, au fond, de tout récit, et d’inverser en quelque sorte « il était une fois » en « il sera une fois », ce qui revient au même puisque de tout temps le sujet n’est, n’a été et ne sera que le sempiternel présent, sinon il y a belle lurette que plein d’antiques célébrités ne seraient aujourd’hui qu’illustres inconnus. A noter que d’ailleurs, la notion d’heure brève  est une des plus durables ; sans parler de celles du plaisir, les longues heures d’ennui, un jour, ne semblent pas avoir été moins fugitives que d’autres, ni même les interminables heures de la douleur, puisque les hommes ont pu se figurer l’Enfer, sans doute par besoin d’infini, d’absolu, serait-il dans le Mal. Il n’y a même plus d’heures dans le recueil, à vrai dire, mais des entre-deux heures plutôt, ou entre-deux séries d’heures, fin de l’une et début d’une autre, des seuils, du genre du crépuscule, ou de l’aube, ou du pont sans cesse passé entre hier et demain, l’immédiat présent toujours, quoi ! C’est peut-être pourquoi les pièces du recueil sont encore tellement méconnues, voire totalement ignorées, car ainsi elles existent à peine, elles ne sont presque rien, comme si elles illustraient — forcément avec transparence — l’ancienne sagesse des peuples : « Avant l’heure ce n’est pas l’heure, après l’heure ce n’est plus l’heure ». Puisse la tentative pour les faire connaître alléger tant soit peu le temps, et ce soir, également, faire passer aux curieux deux heures comme si de rien n’était, ou presque !…

Alain Enjary


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